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Emmanuel Macron au côté d’Ursula von der Leyen en Chine : le conflit Ukrainien et les tensions autour de Taiwan au cœur de la rencontre

Par Emmy Frédérique – 14/04/2023 – Cet article n’engage que son auteur: la SCUE laisse la liberté à son équipe de publier des revues de presse sans censure.

Le 6 avril 2023, le président français Emmanuel Macron s’est rendu en Chine pour une visite officielle aux côtés de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen. Cette rencontre a été l’occasion pour les dirigeants européens de discuter de plusieurs sujets importants, notamment le conflit en Ukraine et les tensions autour de Taiwan.

Le conflit Ukrainien au coeur de la rencontre 

Le conflit ukrainien a été au centre des discussions entre Emmanuel Macron, Ursula von der Leyen et leurs homologues chinois. Les dirigeants européens ont exprimé leur préoccupation concernant l’escalade des violences dans l’est de l’Ukraine, et ont appelé à une résolution pacifique du conflit. Emmanuel Macron a déclaré qu’il était important de travailler avec la Russie pour trouver une solution durable à la crise en Ukraine, mais qu’il était également important de maintenir la pression sur Moscou pour respecter l’intégrité territoriale de l’Ukraine.

Ursula von der Leyen a également mis en garde la Chine contre la vente d’armes à la Russie, qui soutient les séparatistes dans l’est de l’Ukraine. Elle a souligné que cela ne contribuerait pas à une résolution pacifique du conflit, et a appelé la Chine à jouer un rôle constructif dans la résolution de cette crise. La position de la Chine sur l’Ukraine est complexe. D’un côté, Pékin a des intérêts économiques et géopolitiques importants en Russie, de l’autre, elle cherche à maintenir de bonnes relations avec l’Union européenne.

La question de Taiwan

Outre le conflit en Ukraine, les dirigeants européens et chinois ont également discuté des tensions autour de Taiwan. La Chine considère Taïwan comme une région faisant partie de son territoire et a toujours affirmé son droit à la réunification, y compris par la force si nécessaire. La visite d’Emmanuel Macron et Ursula von der Leyen en Chine a été vue comme une tentative de l’UE de renforcer ses relations avec la Chine tout en affirmant son soutien à Taiwan. L’Union européenne veut avant tout garantir la continuité des relations économiques avec Pékin. En contrepartie, la Chine souhaite en tant que puissance exportatrice renforcer son accès au marché européen. 

Emmanuel Macron a déclaré que la France soutenait le principe d’une « seule Chine », mais qu’elle était également attachée à la paix et à la stabilité dans la région. Il a appelé à un dialogue pacifique entre les parties concernées pour résoudre les différends liés à Taiwan. Ursula von der Leyen a également souligné que l’UE était attachée au respect du droit international et à la résolution pacifique des conflits. La position de l’Union européenne est alors délicate, car celle-ci doit mener une diplomatie conciliante. Cette rencontre tend à souligner la volonté européenne de se placer en équilibriste dans un conflit de plus en plus clivant, entre les États-Unis et la Chine. 

Les relations économiques entre l’Union européenne et la Chine

Les relations économiques entre l’UE et la Chine sont très importantes, car la Chine est devenue un acteur économique majeur dans le monde. Cependant, ces relations se sont tendues ces dernières années en raison des pratiques commerciales de la Chine, notamment le vol de propriété intellectuelle et les subventions massives accordées à ses entreprises. L’UE a également critiqué les pratiques de la Chine en matière de droits de l’homme et de commerce, ce qui a entraîné une augmentation des tensions entre les deux parties. Les dirigeants de l’UE et de la Chine ont donc discuté sur les façons de renforcer les relations économiques tout en abordant ces questions délicates.

Le 6 avril dernier, les discussions entre la délégation européenne et la Chine ont également porté sur des questions économiques. Les dirigeants européens ont souligné l’importance des investissements chinois en Europe, mais ont également appelé à un accès équitable au marché chinois pour les entreprises européennes.

Les questions des droits humains en Chine

Les questions des droits de l’homme sont une préoccupation majeure pour les pays occidentaux en ce qui concerne la Chine. En particulier, la communauté internationale a exprimé des inquiétudes concernant les violations des droits de l’homme au Xinjiang, où des millions de musulmans ouïghours sont détenus dans des camps de “rééducation politique”. Les dirigeants occidentaux ont également exprimé leur préoccupation à propos de la situation à Hong Kong, où la Chine a renforcé son contrôle sur le territoire.

Dans ce contexte, Emmanuel Macron a également abordé la question des droits de l’homme en Chine, en particulier la répression des minorités musulmanes dans la région du Xinjiang. Il a appelé la Chine à respecter les droits fondamentaux de toutes les personnes vivant sur son territoire, y compris les minorités ethniques et religieuses.

Emmanuel Macron, Xi Jinping et Ursula von der Leyen en Chine, ce jeudi 6 avril – Crédits : Commission européenne 

Sources : 

Emmanuel Macron et Ursula von der Leyen en Chine : un dialogue difficile mais utile, Le Monde, 8 avril 2023.

Fournitures d’armes à la Russie : Ursula von der Leyen met en garde en Pékin », Euronews, 6 avril 2023

De passage à Pékin, Macron dit compter sur Xi pour ramener la Russie à la raison, Le Devoir, 8 avril 2023.

Macron et Von der Leyen se rendent en Chine pour renforcer la coopération France-UE-Chine, Xinhuanet, 7 avril 2023

Article SCUE: Montée de l’extrême-droite en Europe à travers les élections italiennes. 

Par Alexandre Boué – 06/04/2023 – Cet article n’engage que son auteur: la SCUE laisse la liberté à son équipe de publier des revues de presse sans censure.

Si l’extrême-droite donne l’apparence d’un mouvement uni, il n’en est rien. En son sein se profilent de nombreuses divergences sur les thèmes économiques, sociaux ou même religieux. Ainsi certains mouvements vont défendre un certain libéralisme tandis que d’autres vont appeler une vision socialiste. Des mouvements vont demander le retour d’une monarchie dans un pays nouvellement républicain tandis que d’autres vont défendre la forme républicaine. De même, l’ensemble des religions monothéistes vont être touchés par des mouvances extrémistes avec comme exemples Civitas pour le catholicisme, le Ku Klux Klan pour le protestantisme, le Front pour la stabilité de la révolution islamique pour l’islam et enfin le front national juif pour le judaisme. 

De nos jours, l’extrême-droite est un terme complexes et parfois utilisés de manières démagogiques, cependant il illustre aujourd’hui une certaine réalité au sein de l’Union européenne, celle d’une défiance envers les systèmes politiques en place, une volonté de protection nationale, une peur de l’étranger et de la position qu’il occupe au sein de la société nationale tout cela dans un contexte de protectionnisme global. 

Les élections italiennes à l’aube du changement politique en Europe

En Italie, le système politique est organisé autour d’un parlementarisme fort avec deux chambres ayant les mêmes pouvoirs que sont le Sénat et la Chambre des députés. La particularité du régime italien repose sur une forte instabilité gouvernementale. Il n’est pas question ici de critiquer les compétences des différents gouvernements. Toutefois, force est de constater que depuis l’imposition d’une législature classique de 5 ans, le gouvernement italien ayant tenu le plus longtemps a duré un peu plus de 3 ans. 

Cette forte instabilité gouvernementale peut s’expliquer à travers les mutations politiques qu’à connu l’Italie durant les 30 dernières années. En effet, durant celles-ci, le champ politique classique autour de l’affrontement classique “gauche-droite” a peu à peu disparu pour laisser place à un parti dépassant ce clivage. Cela a donné naissance à un bloc dit “bourgeois” réunissant les classes moyennes et supérieures pour une construction européenne libérale. Avec les différentes crises politiques et économiques qu’a connues le pays, la gouvernance s’est divisée entre le Mouvement 5 étoiles et la Ligue Nord. Le premier s’inscrit dans une défense de l’écologie, d’un anti-partisme fort et d’une critique du libéralisme économique. Le second, s’inscrit quant à lui dans une critique très forte de l’UE jugée corrompue, incompétente et asservissante. Matteo Salvini, actuel dirigeant du parti, avait qualifié l’euro comme “crime contre l’humanité”. Cela donne le ton sur l’avis qu’à Matteo Salvini vis-à-vis de l’UE et de l’euro. La Ligue du Nord défend un protectionnisme pour le pays, voire un certain agrarisme. Le parti va défendre les valeurs fondamentales traditionnelles de la famille en s’opposant au mariage pour tous et un retour de la position fondamentale du père au sein de la famille. 

En 2018, un gouvernement est formé entre des partisans de M5S et ceux de la Ligue autour du président du Conseil Giuseppe Conte. Toutefois durant les années 2019-2020, le parti M5S va s’effondrer, critiqué pour son incompétence liée à la gestion de la ville de Rome et globalement du pays. L’année 2021 officialise son démembrement et laisse place à de nouvelles élections législatives permettant au Président de la République de désigner le nouveau Président du conseil des ministres. 

Durant les élections parlementaires, Frères d’Italie présidé par Giorgia Meloni décide de former une alliance avec la Ligue de Salvini et Forza Italie de Silvio Berlusconi. Toutefois le 25 septembre 2022, Frères d’Italie réalise une percée monumentale en obtenant environ 25% des suffrages à lui tout seul. La coalition des droites ayant obtenu un score d’environ 45% des suffrages contre 26% pour la coalition des gauches, Giorgia Meloni succède à Mario Draghi au poste de Présidente du conseil des ministres.

La nomination de Giorgia Meloni à ce poste a créé une polémique considérable dans le pays mais surtout dans l’ensemble des pays européens. Pour rappel, Frères d’Italie s’inscrit dans une défense d’une position nationaliste et conservatrice. Le parti va promouvoir des positions eurosceptiques, anti-immigration, protectionniste au niveau économique et traditionnelle sur le plan social. Il est fortement reproché au parti de se positionner en héritier du mouvement fasciste italien des années 40. Ce positionnement passe notamment  par des déclarations de la part des hauts-dirigeants du parti sur le rôle de Mussolini et de ses compétences en tant que bon dirigeant pour l’Italie. 

Finalement le parti présente des ambivalences marquées puisque si les thèses antisémites et fascistes sont abandonnées, la rhétorique du grand remplacement laisse présager pour le sociologue Ugo Palheta de grandes similitudes avec l’antisémitisque de l’entre-deux guerres. De plus, selon Gilles Gressani, Giorgia Meloni ne va pas incarner un retour du faschisme mais l’apparition d’une nouvelle forme politique qu’il appelle “techno-souverainisme”. C’est le produit entre l’intégration des logiques technocratiques, l’acceptation du cadre européen avec l’Alliance atlantique et l’UE et la défense des valeurs ultra-conservatrices et néo-nationalistes. Cette forme politique va s’illustrer dans le cas de Frères d’Italie par l’acceptation de l’UE. Le but principal de Giorgia Meloni est de maintenir une certaine crédibilité en alliant la réalité politique et économique avec la vision de son électorat. Et c’est cet équilibre que vont chercher de nombreux partis politiques d’extrêmes droites dans les pays européens ce qui va changer diamétralement la vision de l’UE.

Une avancée des partis d’extrême droite au sein de l’Europe

L’Italie n’est pas le seul pays européen dominé politiquement par un parti d’extrême droite. En effet, en Pologne lors des élections de 2020, le parti PIS ou ‘Droit et Justice’ est arrivé au pouvoir à travers la nomination de Mateusz Morawiecki comme Président du conseil des ministres. De même, en Hongrie, lors des élections présidentielles de 2022, Viktor Orban membre du parti Fidesz a été élu Premier Ministre. Enfin, en Suède, lors des élections parlementaires de 2022, le parti Les Démocrates de Suède sort grand gagnant des élections en devenant pour la première fois de son histoire le deuxième parti du pays. 

D’autres pays européens présentent aussi une forte avancée des partis d’extrême droite comme en Allemagne et en Espagne. En effet, lors des élections parlementaires allemandes, le parti AFD a obtenu 10,3 % des votes. Si ce score semble faible, il est important de rappeler que le parti a réalisé un score de 4,7 % en 2013, un an après sa création. 

De plus, il n’est pas possible de parler de montée d’extrême droite en Europe sans parler du cas de la France. On observe une avancée spectaculaire de certains partis tel que le Rassemblement national  -anciennement Front national- au cours des dernières années. Lors des élections présidentielles de 2017 et 2022, le RN est arrivé au second tour des élections venant toucher de près les marches du pouvoir. Lors des élections de 2022, le Président sortant Emmanuel Macron a recueilli 58,55 % des votes contre 41,45 % des votes pour la candidate du RN, Marine Le Pen qui a réalisé son meilleure score aux présidentielles pour le parti. Pour preuve de cette popularité, le RN et le parti Reconquête qui a été créé pour la campagne présidentielle de 2022 par le polémiste conservateur et populiste Eric Zemmour ont acquis des scores plus élevés que les candidats des partis traditionnels que sont le PS et LR. 

Conséquences pour l’Union européenne 

Aujourd’hui, le but des partis d’extrême droite européen n’est plus de sortir de l’Union européenne mais de la changer. Les partis comprennent qu’il serait pour l’instant suicidaire politiquement et économiquement de sortir de l’Union européenne, toutefois avec la montée conjointe des différents partis extrémistes, l’idée de ces partis est de s’unir autour d’une Union européenne conservatrice défendant une certaine vision judéo-chrétienne de la civilisation et se protégeant des puissances étrangères. 

Attention toutefois, ce but n’est pas prêt d’être atteint puisque l’extrême droite est encore minoritaire dans les gouvernances étatiques européennes. De plus, avec la défense d’un nationalisme profond, comment s’unir avec un pays européen qui reste étranger ? On comprend avec la situation italienne, que le discours nationaliste va devoir reculer face à l’intégration économique et politique dans le sens où les partis peuvent s’effondrer avec la perte du soutient de l’électorat qui ne se retrouverait plus dans les discours du parti. 

Ainsi, nous rentrons dans une période incertaine où l’extrême droite est en forte progression au sein des leaders européens que sont la France, l’Italie et l’Allemagne. Toutefois ce ne constitue pas une avancée décisive de l’extrême droite en Europe puisque si elle a accédé au pouvoir en Italie, ce n’est pas le cas en France ni en Allemagne.

Source:

Le monde 

https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/02/01/une-hybridation-de-la-droite-traditionnelle-et-de-l-extreme-droite-est-en-cours-dans-de-nombreux-pays_6160052_3232.html

Le monde

https://www.lemonde.fr/international/article/2022/10/28/l-arrivee-au-pouvoir-de-partis-d-extreme-droite-en-italie-et-en-suede-n-est-pas-une-surprise_6147763_3210.html

Courier international 

https://www.courrierinternational.com/article/elections-une-page-se-tourne-en-europe-l-extreme-droite-remporte-les-legislatives-en-italie

Courier international 

https://www.courrierinternational.com/article/extreme-droite-au-parlement-europeen-les-conservateurs-tendent-la-main-a-giorgia-meloni

Figaro:

https://amp.lefigaro.fr/international/la-progression-fulgurante-des-partis-de-droite-nationaliste-et-radicale-en-europe-20220915

Le GIEC, le dernier guide de survie pour l’humanité ?

Par Cécilia Philippe – 30/03/2023 – Cet article n’engage que son autrice: la SCUE laisse la liberté à son équipe de publier des revues de presse sans censure.


         Le 20 mars 2023 dernier, la sortie du dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) – soit l’AR6 -, conclut le 6ème cycle de ses publications en entraînant de vives réactions parmi la société civile. À travers ces dernières années, le GIEC publie ainsi trois rapports principaux dont chacun émane d’un groupe de travail différent, également accompagnés de trois autres rapports spéciaux. Dans ce contexte, ce nouveau rapport joue un rôle clé aujourd’hui en retraçant et en synthétisant la connaissance scientifique mondiale sur le sujet du réchauffement climatique. 

         S’il est présenté comme le « dernier guide de survie pour la planète » par le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres, les scientifiques le confirment en insistant sur la gravité des impacts du réchauffement climatique et en réaffirmant le besoin critique des États de s’adapter à ces changements d’une manière plus résiliente et durable.  C’est donc dans un contexte où le changement climatique se fait ressentir de façon toujours plus pressante, que ce travail du GIEC souligne l’urgence d’une action internationale coordonnée pour faire face à l’accroissement des risques climatiques.

Des défis environnementaux toujours plus importants

         Représentant le fruit d’une collaboration internationale importante, ce rapport regroupe l’état des connaissances scientifiques de ces dernières années sur le changement climatique pour en évaluer ses causes et ses impacts. Déjà en 2018, le rapport précédent du GIEC avait estimé le besoin de maintenir le réchauffement climatique à un seuil de 1,5°C. Mais aujourd’hui, cette fenêtre permettant de contenir les dérèglements climatiques se referme  de plus en plus rapidement – de plus que le défi s’accroît continuellement via l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre (GES). 

En effet, La température à la surface du globe a augmenté plus rapidement au cours de ces 50 dernières années que lors des 2000 années précédentes. Ainsi, les scientifiques réitèrent leur avertissement quant à l’escalade des risques d’évènements climatiques extrêmes tels que des vagues de chaleur mortelles, des tempêtes intenses, des sécheresses prolongées où encore des incendies de forêt. Et sans surprise, l’activité humaine représente la principale cause du réchauffement climatique. En effet, la responsabilité humaine via la production et la consommation d’énergies fossiles provoque près de 75% des émissions de GES impactant le réchauffement climatique. Selon les chiffres, le niveau de réchauffement global de 1,5°C sera atteint aux alentours de 2030, quels que soient les efforts immédiats entrepris pour réduire les émissions mondiales de CO2. Bien que la communauté internationale politique reconnaisse depuis peu l’importance de l’enjeu climatique et se soit fixée plusieurs objectifs pour tendre vers une transition écologique durable à l’image de l’Union Européenne, ce rapport pointe du doigt l’insuffisance des mesures environnementales adoptées jusqu’ici. 

         Ce rapport met l’accent sur les aspects régionaux du changement climatique et insiste sur le lien interdépendant existant entre la vulnérabilité croissante des écosystèmes et des populations. De facto, l’augmentation et l’aggravation des risques climatiques conduiront à la fois à des dommages environnementaux irréversibles ainsi qu’à une insécurité grandissante. Mais si la perte conséquente de biodiversité et d’écosystèmes a souvent été dénoncée, les effets du changement climatique qui se traduisent sur les populations sont encore peu relevés. L’AR6 souligne dans ce sens l’insécurité alimentaire, exposant les communautés de régions à haute vulnérabilité à des impacts dévastateurs encore plus profonds. L’Afrique, l’Asie, l’Amérique Centrale, l’Amérique du Sud, les pays socio économiquement les moins avancés (PMA), les petites îles et l’Arctique seront ainsi les plus touchés. D’après le rapport, la mortalité humaine provenant des catastrophes naturelles est 15 fois supérieure pour ces régions, en comparaison aux autres régions à plus faible vulnérabilité (A.2.2). De plus, les impacts du changement climatique sur le bien-être des individus – comprenant aussi la santé mentale – sont mis en évidence. Enfin, le rapport dénonce également le déplacement des populations comme conséquence inévitable du changement climatique. Selon Amnesty International, cette situation de vulnérabilité face au climat concerne aujourd’hui jusqu’à 3,6 milliards de personnes dans le monde – et ne cesserait de croître en l’absence de transformations profondes et immédiates. 

Une convergence entre politique et science

         Ce rapport pose la question de l’influence politique sur la science et inversement. En effet, la production complète du GIEC sera utilisée à travers son rapport de synthèse, lequel résume les points principaux pour les décideurs politiques. Sa publication requiert alors un consensus entre scientifiques et représentants des pays membres de l’ONU, qui pousse assez fréquemment vers l’adoucissement des messages. Donc si le GIEC octroie un poids conséquent aux scientifiques dans les discussions internationales, il est toutefois soumis à des règles de travail strictes quant à l’écriture de ses rapports. Dans ce sens, l’absence d’obligation et de contrainte laisse aux politiques la responsabilité de leurs choix en leur octroyant une marge de manœuvre plus large. Mais bien que le GIEC révèle une tension entre scientifiques et politiques pouvant quelque fois miner son objectivité, cette influence reste minimale et sa légitimité sur la scène internationale n’en est pas moins limitée. 

Vers un horizon porteur d’espoir ?

         Alors que ce rapport reste assez pessimiste en présentant l’état des connaissances scientifiques sur le changement climatique, il propose également quelques pistes à suivre par les gouvernements pour s’adapter aux nouvelles réalités climatiques.  Tandis que la fenêtre d’opportunité pour assurer un avenir vivable et durable à tous reste mince, ce rapport marque les esprits en insistant sur l’équité et la solidarité face à la crise environnementale. Le point d’honneur posé sur les aspects régionaux illustre l’importance d’une justice climatique et sociale, dans le but d’assurer une transition durable et juste pour chacun. 

         Dans ce même contexte, il est intéressant de noter l’avancée primordiale en matière environnementale via le prisme de l’actualité à travers le Traité sur la Haute mer adopté le 4 mars 2023 dernier aux Nations Unies. Représentant une avancée historique pour la protection internationale de la mer, et notamment des zones marines situées au-delà des juridictions nationales, ce traité permet de lutter – après plus de 15 ans de négociation – contre les menaces pesant sur les écosystèmes. Il constitue de facto une étape majeure pour le combat environnemental, dont l’objectif vise à la protection de près de 30% des océans d’ici 2030. En améliorant la protection du rôle de thermostat planétaire joué par l’océan, ce traité participe à la relève des défis posés par le GIEC en apportant un vent d’espoir pour la lutte contre le changement climatique.

         Dans un second temps, l’AR6 va constituer la base scientifique principale durant le premier bilan mondial de l’Accord de Paris. Assuré par la présidence émiratie, ce bilan aura lieu fin 2023 lors de la COP28 à Dubaï – attisant plusieurs critiques relatives à l’emplacement de la Conférence. De même, la présidence de cette dernière sera assurée par le PDG de la Compagnie nationale pétrolière d’Abou Dhabi – le sultan Ahmed al-Jaber – suscitant une nouvelles fois de nombreuses réactions du fait du positionnement plus que controversé des Émirats qui ne reconnaissent pas le statut de réfugié climatique impliquant la mise en danger de nombreux réfugiés.

         En conclusion, l’AR6 du GIEC expose une nouvelle fois la bombe à retardement que représente le climat. Cependant, il illustre la volonté de mettre en œuvre des plans d’action ambitieux en faveur de meilleures justices climatique et sociale, afin d’intégrer des processus de transition durable axés sur l’équité et la résilience durable. De même, le fort retentissement de ce rapport reflète efficacement la conscientisation et la sensibilisation croissante des enjeux environnementaux par la société civile et les gouvernements. Mais si l’urgence de la situation climatique semble imposer aux gouvernements une plus étroite coopération, elle s’inscrit dans le contexte de ravivement des tensions au sein de la scène internationale, ce qui pourrait mettre à mal la mise en œuvre de solutions concrètes contre le changement climatique.

Sources