l’Union européenne dans un contexte délicat face à la mort de Navalny

Par Charline Hutin – 5/03/2024 – Cet article n’engage que son auteur : la SCUE laisse la liberté à son équipe de publier des revues de presse sans censure.

Alexeï Navalny, citoyen russe, père de famille, militant anticorruption et ennemi numéro 1 du président Vladimir Poutine, est mort le 16 février 2024 aux alentours de 14h en prison.

Quelle menace représentait Alexeï Navalny ?

Navalny était un avocat de métier, mais aussi un homme et prisonnier politique russe. Depuis les années 2010, il critiquait fortement la répression du régime politique russe, utilisant les réseaux sociaux pour exposer la corruption du gouvernement, il participait très souvent aux manifestations pour l’opposition. Il défendait la transparence politique et la réforme démocratique et croyait en l’évolution politique de la Russie. En 2018 il a essayé de se présenter aux élections présidentielles mais sa candidature a été bloquée pour détournement de fond.

Il a aussi publié d’importantes enquêtes dans lesquelles il vise explicitement le président et les oligarques russes et a même produit un documentaire avec FBK, sa Fondation anti-corruption, dans lequel il dénonce un système de corruption dirigé par Poutine lui-même, qui sera publié alors qu’il est emprisonné.

Un palais pour Poutine : l’Histoire du plus gros pot-de-vin.

En août 2020, il est empoisonné lors d’un vol et doit atterrir d’urgence à Omsk et être transféré à l’hôpital pour être placer dans le coma. Il rentre en Russie en janvier 2021, après avoir été soigné en Allemagne pour l’empoisonnement qu’il imputait au Kremlin. Mais à son arrivée, il est tout de suite arrêté pour extrémisme et emprisonné dans la colonie pénitentiaire de l’oblast de Vladimir pour une peine de 19 ans.

En décembre 2023, après un long silence, l’administration révèle qu’il a été transféré vers la colonie pénitentiaire nº3 dans la localité de Kharp, une prison reculée de l’extrême nord de la Russie où les conditions de détentions sont axées sur un isolement maximum et qui accueille les accusés à perpétuité, des détenus dangereux et les opposants politiques.

Kharp, localité de la prison où est décédé Navalny

Alors qu’il continuait de militer depuis sa cellule en appelant les Russes à voter « pour n’importe quel autre candidat que Poutine, afin de voter contre Poutine » et qu’il est apparu en relative bonne santé la veille de sa mort, le 15 février, les services pénitentiaires affirment qu’il s’est soudainement senti mal après une promenade et aurait perdu connaissance sans que les médecins sur place ne réussissent à le réanimer.

Selon les experts, sa mort n’est pas anodine car le jour de son décès a débuté le procès d’un autre opposant politique, et les prochaines élections présidentielles sont dans quelques semaines.

Comment l’UE sanctionne-t-elle la Russie ?

Plusieurs pays occidentaux, dont les Etats-Unis et l’Union européenne ont accusé le président russe, Vladimir Poutine, d’être responsable de la mort d’Alexeï Navalny.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, aucune sanction européenne ne semble dissuader et impacter réellement la Russie. L’embargo sur le pétrole affecte plus l’Allemagne que la Russie, qui cherche de nouveaux partenariats en Chine ou en Inde. L’exclusion de plusieurs banques russes du système bancaire Swift et le gel des avoirs de V. Poutine, d’oligarques russes et de nombreuses personnes ne ralentissent pas l’économie russe comme l’aurait souhaité l’UE. Seule la défaite militaire russe pourrait déstabiliser le Kremlin, mais les occidentaux manquent de volonté politique suffisante pour mettre en action leur indignation.

Le week-end suivant la mort de Navalny, différents communiqués sont sortis ; le G7 (groupe de discussion et de partenariat économique entre 7 puissances) demande à la Russie de « clarifier pleinement les circonstances » de sa mort. L’Union européenne exige de la Russie qu’elle autorise « une enquête internationale indépendante et transparente sur les circonstances de cette mort brutale » et demande « des comptes à ceux qui sont responsables de la mort de M. Navalny, notamment en continuant d‘imposer des mesures restrictives en réponses aux violations des droits de la personne » mais aucune nouvelle sanction n’a été prise.

En bref, l’UE semble bloquée face à la situation en Ukraine, dans l’incapacité d’agir réellement et de contraindre la Russie à se retirer. De nouvelles discussions sont d’ailleurs en cours, notamment celle lancée par le président français Emmanuel Macron affirmant que l’envoi de troupes occidentales ne peut être exclu.

Sources

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2052402/ukraine-guerre-russie-troupe-occident

https://www.consilium.europa.eu/fr/press/press-releases/2024/02/24/g7-leaders-statement-24-february-2024/

https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/02/21/l-indignation-des-occidentaux-face-a-la-mort-de-navalny-conduit-inevitablement-a-la-douloureuse-question-punir-poutine-oui-mais-comment_6217737_3232.html

https://www.touteleurope.eu/l-ue-dans-le-monde/guerre-en-ukraine-quelles-sanctions-de-l-ue-contre-la-russie/

https://www.consilium.europa.eu/fr/press/press-releases/2024/02/19/russia-statement-by-the-high-representative-on-behalf-of-the-european-union-on-the-death-of-alexei-navalny/#:~:text=17%3A40-,Russie%3A%20déclaration%20du%20haut%20représentant%2C%20au%20nom%20de%20l%27,la%20mort%20d%27Alexeï%20Navalny&text=L%27Union%20européenne%20est%20indignée,Poutine%20et%20aux%20autorités%20russes.

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