La hongrie lève finalement son veto, l’UE vote une aide financière pour l’Ukraine

Par Charline Hutin – 9/02/2024 – Cet article n’engage que son auteur : la SCUE laisse la liberté à son équipe de publier des revues de presse sans censure.

Les faits

Lors du Sommet européen de décembre 2023, les dirigeants de l’Union européenne se sont réunis pour trouver un accord sur le budget général de l’UE et sur l’aide financière apportée à l’Ukraine ; un accord qui n’a finalement pas été trouvé. Au Conseil de l’Union européenne, les questions d’affaires étrangères, mais aussi de juridiction ou d’adhésion, doivent être adoptées à l’unanimité, les 27 doivent être d’accords, et chaque pays détient donc un droit de véto, qui lui permet de bloquer une décision. C’est exactement dans ces circonstances que les chefs d’États se sont retrouvés les 13 et 14 décembre derniers. Alors que 26 États étaient favorables à une aide de 50 milliards d’euros supplémentaires étalée sur 4 ans (de 2024 à 2027) pour l’Ukraine, seul Viktor Orbán, le Premier Ministre hongrois s’y est opposé, bloquant ainsi le dossier complet.

Sommet européen à Bruxelles du 1 février 2024

Mais le 1er février 2024, à l’occasion du Sommet extraordinaire du Conseil de l’Union européenne à Bruxelles, après différentes discussions et négociations, avec la France, l’Allemagne, l’Italie et la Commission européenne notamment, la Hongrie a levé son véto, et « une facilité de 50 milliards d’euros » a été votée et adoptée. Cette enveloppe correspond à 33 milliards d’euros de prêts, donc que l’Ukraine devra rembourser lorsqu’elle en aura les moyens, et 17 milliards d’euros de subventions ; un don européen pour l’aider.

Le véto de la Hongrie et les négociations

Lors des discussions entre l’UE et la Hongrie, cette dernière exigeait plusieurs choses en échange de son accord. D’abord, elle souhaitait pouvoir réexaminer le dossier d’aide financière chaque année et s’y opposer en tout temps. En plus de cette réévaluation, la Hongrie souhaitait recevoir la totalité de ses fonds européens, alors gelés par l’Union européenne, peu certaine du respect de l’État de droit dans le pays.

La Hongrie semble toutefois avoir reçu gain de cause à la suite des négociations. En effet, le 1er février dernier, il a été décidé que la Commission européenne rédigerait chaque année un rapport sur les fonds européens à destination de l’Ukraine. Les dirigeants européens auraient aussi la possibilité de demander, toujours à l’unanimité, un réexamen de l’aide financière à mi-parcours. De nombreux États membres s’étaient toutefois opposés à ce que cette réévaluation se fasse annuellement par crainte que Budapest repose un véto à chaque discussion et pour prévenir d’une déstabilisation sur la planification financière ukrainienne.

De plus, en décembre 2023, la Commission européenne a débloqué la moitié des 20 milliards d’euros de fonds européens bloqués pour la Hongrie, car elle a entrepris des réformes pour améliorer l’indépendance de son système judiciaire, mais aussi pour l’encourager activement à retirer son véto.

 Les critiques d’une Hongrie problématique

La Hongrie semble dernièrement être problématique dans les discussions européennes et internationales.

D’un côté, son lien avec le Kremlin lui est fortement reproché par Mariinsky. Alors que depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie tous les pays européens se sont rendus à Kiev pour montrer leur soutien, le ministre des Affaires étrangères hongrois s’est rendu pour la 1ère fois depuis le 24 février 2022 en Ukraine le 29 janvier 2024, près de 2 ans après le début de la guerre.Sa position ambiguë et incertaine quant à son soutien préoccupe la communauté internationale, à l’instar des États-Unis, avec qui ses relations se dégradent à cause de sa proximité avec Vladimir Poutine, malgré la guerre en cours.

D’un autre côté, son État de droit incertain inquiète l’Union européenne. Les droits des personnes LGBT+, la liberté académique et le droit d’asile semblent entrainer le recul de la démocratie. De plus, l’opposition d’abord commune à la Turquie, puis solitaire quant à l’adhésion de la Suède à l’OTAN, dépassée par une ratification lente, irrite la communauté internationale et installe la Hongrie dans une position controversée.

Malgré l’indignation de la Pologne et du Luxembourg, des tentatives de dialogue de l’Italie et de la France, la Hongrie n’est pas réellement « seule contre tous ». La Slovaquie est son potentiel allié sur les questions ukrainiennes, car depuis l’automne son Premier ministre s’oppose à la livraison d’armes à Kiev, et en a même déjà suspendues.

Quoi qu’il en soit, la question centrale de ce sommet européen sur l’aide pour l’Ukraine est clause. Enfin, jusqu’en 2025.

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